Voyant mon air atterré, Louis s'assit et me fit glisser sur ses genoux. J'enfouis ma tête dans son cou avant de continuer mon monologue.
Moi: Tu vois par exemple pour l'auto-école, j'ai réussi à passer mon permis et il ne me reste plus que quelques heures de pratique à valider. J'aurais pu reprendre bien avant, mon état de santé me le permettait. Mais je ne voulais plus retrouver la sensation que j'avais eue juste avant la mort de Josh. Je ne voulais pas revivre. Ou même en ce qui concerne tous les objets, tous les loisirs qui peuvent me rappeler mon ancienne vie, j'ai mis toutes mes forces à les éviter. Je ne sais pas pourquoi je ne t'en ai pas parlé avant. Je me sens coupable pour ce qui est arrivé, j'aurais besoin de me laver de cette culpabilité. C'est en partie pour ça que je dors mal. Parce que je sens le poids de mes actes peser tout le temps sur mes épaules. Pendant la journée j'arrive à le cacher derrière un air indifférent, ou en m'enfermant dans la lecture, mais la nuit je suis sans défense. Je suis en train de prendre conscience de tout ça et ça me fait sacrément flipper Lou.
J'allais évoquer la musique mais je me tus pour écouter la réaction de mon petit ami. Il était en train de parsemer mon visage de petits baiser pendant qu'il m'écoutait. Il arrêta cette activité et se redressa quelque peu.
Louis: Wow, ça fait beaucoup d'un coup tout ça. Tu aurais dû me le dire avant. Tu sais, même si parfois j'ai tendance à juger sans connaître, que je m'énerve facilement et que j'ai pas un tempérament facile, je suis là pour toi, j'ai envie de t'aider, pas de te faire souffrir. Tu aurais vraiment dû m'en parler. On va trouver une solution ensemble pour tout ça mon ange. Est-ce que tu as déjà pensé à voir un psy? On te l'avait conseillé mais...
Moi: J'ai déjà fait deux séances avec un psy, j'ai pas encore pris le troisième rendez-vous, il m'a dit de revenir quand j'en aurais besoin.
Louis se redressa complètement, et je dus m'accrocher pour ne pas tomber de ses genoux. Manifestement, il ne s'attendait pas le moins du monde à cette révélation.
Louis: Wow... euh... et donc, tu as avancé?
Moi: Déjà j'ai pris conscience que j'étais touché à un point que je n'imaginais pas. Et puis je me suis aperçu que ce que je pensais être naturel, comme de refuser de conduire, était en réalité un résultat de mon traumatisme. Je pensais que je ne faisais rien par rapport au passé, mais en fait j'use toutes mes forces à essayer de le fuir, et je n'avais jamais remarqué.
Louis: Harry... j'aimerais tellement pouvoir faire quelque chose pour toi...
Moi: T'inquiète Louis, le psy m'a dit que même moi je n'avais qu'une responsabilité limitée dans ce qui m'arrive. Il m'a dit qu'un choc ne pouvait pas s'effacer si facilement que ça, et que de toute façon le temps était presque le meilleur remède. Même si je dois faire des efforts.
Nous restâmes tous deux silencieux pendant quelques minutes, écoutant les battements de nos c½urs et profitant de la chaleur de nos deux corps l'un contre l'autre.
Louis: Harry, fais-moi une promesse s'il te plait.
Moi: Quoi Lou?
Louis: Promets-moi que tu me signaleras à chaque fois que tu penses à ce qui s'est passé ou que tu te sens mal par rapport à ça. Si jamais je suis pas là laisse-moi un SMS et j'y répondrai dès que possible. Je veux savoir comment tu te sens vraiment et quelles sont tes pensées.
Moi: Promis. Mais promets-moi de ne pas mal me juger.
Louis: Promis.
Après cette conversation, j'avais immédiatement mis en ½uvre ce qu'il m'avait demandé. À chaque fois, Louis cherchait des mots ou des gestes rassurants. Bien sûr, je n'avais absolument pas l'impression que son aide me faisait avancer, mais au moins il me redonnait quelque peu le sourire lorsque j'avais seulement envie de pleurer. Il me fit aussi prendre conscience que ce traumatisme que je pensais être loin derrière moi était en fait encore tout proche et qu'à tout moment une évocation un peu trop forte des évènements pouvait tout faire basculer.
Je continuai aussi de voir le psychologue. Cela me décomplexait de pouvoir me confier à une oreille attentive, et d'être observé par un regard objectif et non par quelqu'un qui avait de la sympathie ou de l'antipathie pour moi. Tout paraissait donc aller pour le mieux. Je remarquai même que mes notes augmentaient peu à peu. Louis avait abandonné l'idée de draguer toutes les filles de la fac depuis qu'il faisait semblant d'être en couple avec Jessy.
En revanche, la nouvelle passion de Louis pour la musique lui prenait de plus en plus de temps. Bien sûr, je ne pouvais pas lui reprocher de s'être trouvé un centre d'intérêt, mais je me sentais parfois délaissé voire même blessé. J'étais un peu possessif, mais surtout j'avais besoin de Louis pour réussir à m'en sortir définitivement. Et il me paraissait inadmissible qu'il ne me consacre qu'un temps réduit. Il le savait mais ne semblait pas s'en préoccuper. Ce fut finalement moi qui brisai le tabou à ce sujet.
Moi: Lou, mon c½ur... je comprends que tu aimes la musique, mais ça ne te dirait pas de rester un peu plus avec moi?
Louis: Sois patient mon Harry, si tu attends un peu tu auras une belle surprise.
Il m'adressa un clin d'½il avant de s'éloigner mais je le retins près de moi.
Moi: Non, je veux dire... j'ai besoin de toi, on avance bien avec le psy mais sans ton soutien je ne peux pas y arriver.
Nous étions alors début juin, trois semaines avant les partiels et un mois avant les vacances.
Louis: attends encore jusqu'aux vacances et tu verras que ça en valait la peine. Et puis n'oublie pas que je suis toujours là, même quand je ne suis pas présent physiquement je n'ignorerai jamais un seul de tes messages. Je te le jure. Jamais un seul.
Après cette belle promesse, il m'embrassa rapidement avant de disparaître. Il me fallut donc prendre mon mal en patience pendant encore un mois. Occupé par mes révisions de partiels et mes séances de psy, cette période passa à une vitesse hallucinante. Je réussis mes examens avec une certaine facilité. Bien sûr, le passage en deuxième année était loin d'être donné dans une pochette cadeau, mais de me libérer de mes peurs m'avait permis d'améliorer ma capacité de concentration et j'avais réussi à apprendre beaucoup de choses. Ajouté à mon sérieux naturel, les résultats avaient été au rendez-vous.
Nous étions un vendredi soir, le dernier vendredi. Les examens étaient terminés et chacun des pensionnaires se préparait à rentrer chez lui pour deux mois de repos bien mérités. Nous avions tous deux débarrassé notre chambre et nettoyé de fond en comble. Louis s'était absenté en fin d'après-midi tandis que je finissais de régler les derniers détails avant le grand départ. Je soupirai en tombant par hasard sur ma boîte de cachet pour les malaises. Elle était presque périmée et seuls quatre comprimés restaient au fond du carton. En vérité je n'en prenais pour ainsi dire plus, les séquelles de mon accident avaient fini par se résorber naturellement. Les seuls cas où je faisais des malaises étaient lorsque j'étais stressé ou très fatigué. Mais j'avais la chance d'avoir le plus fabuleux des aide-soignants pour s'occuper de moi.
J'eus un goût amer en bouche en pensant à Louis. Il ne cessait de disparaître de plus en plus souvent pour répéter ou pour préparer quelque chose dont je n'avais pas le droit de connaître la nature. J'avais d'abord suspecté qu'il puisse me tromper, mais je m'étais ravisé. Louis avait bien assez honte d'être bisexuel pour ne pas le crier sur tous les toits. Je dus alors me rendre à l'évidence: sa passion pour la musique était passée devant moi.
D'un geste vif, je fourrai cette petite boîte dans mon sac et sortis de l'enceinte de l'université. J'avais remarqué quelques jours auparavant dans une boutique d'artisanat deux bracelets brésiliens complémentaires qui, mis ensemble, formaient un « I ♥ you ». J'avais décidé de les acheter en guise de cadeau d'au revoir pour Louis.
En effet, nous n'allions pas nous voir pendant deux longs mois et si jamais il n'était pas désigné comme mon aide soignant l'an prochain, nous ne partagerions plus la même chambre. Il fallait donc que je trouve un moyen de lui montrer que rien ne nous éloignerait malgré tout ça.
Nous avions passé des heures, allongés sur nos deux lits rapprochés, à faire des plans pour l'avenir. Louis m'avait promis qu'il ferait son coming-out durant l'année suivante et que le premier qui se moquerait de nous aurait droit à se faire refaire le portrait. Il m'avait aussi dit que nous trouverions un moyen d'être mis dans la même chambre, coûte que coûte. J'avais promis en retour que je ferais tout pour que nous puissions rester ensemble.
Lorsque j'entrai dans la petite boutique, toutes nos promesses tournaient en boucle dans ma tête. Je demandai à la vendeuse si je pouvais essayer l'un des deux bracelets complémentaires, ce qu'elle accepta avec le sourire.
Elle: C'est pour la femme de votre vie?
Moi: Plutôt pour l'homme de ma vie.
J'avais parlé assez bas, comme si je craignais qu'elle ne fasse une remarque blessante. Mais elle se contenta de sourire à nouveau et d'ajouter:
Elle: Alors je vous souhaite tout le bonheur du monde!
Je lui souris en remerciement de sa compréhension et essayai l'un des deux bracelets (http://friendship-bracelets.net/gallery.php?id=63610). Ils étaient à la fois sobres et assez voyants avec leurs couleurs contrastées. Je les achetai sans aucune hésitation.

Au passage un grand bravo à Rainbow_Rus_13 (http://friendship-bracelets.net/profile.php?id=87209) pour ces bracelets, ils sont juste magnifiques! #FriendshipBracelets
lo-amaba-hasta-morir, Posté le jeudi 09 avril 2015 12:21
Larry-Stylinson06 a écrit : " "
Hey! Du coup j'ai posté le chapitre 42 et l'épilogue parce que j'en ai trop marre de cette fiction et que j'avais envie de m'en débarrasser :) Du coup je pense que la fin fait un peu bâclée mais tant pis j'avais plus envie de l'écrire :p (du coup j'ai une grosse courbature au poignet parce que j'ai écrit trop vite)