Je relevai instantanément là tête pour voir qui était là. Comme je m'y attendais, il s'agissait de Josh. Je baissai la tête et fis mine de me concentrer sur mon morceau, espérant qu'il m'oublierait. Mais c'était peine perdue et le jeune homme vint s'assoir juste à côté de moi, sortant à son tour son instrument pour faire ses exercices de solfège. Le professeur tournait dans les rangs pour proposer son aide aux différents élèves et évaluer leur performance. Je tournai la tête pour éviter les yeux noisettes fixés sur moi et me concentrai sur ce que j'étais en train de jouer, mais Josh ne m'en laissa pas vraiment le temps.
Josh: Harry... je suis désolé pour ce qui est arrivé avec Kendall, c'était une grave erreur. En fait c'était un jeu, je voulais voir ce que ça donnait avec une fille, et je n'aurais évidemment pas dû.
Moi: Tais toi s'il te plait, j'essaye de me concentrer, et tu sais que le prof a horreur des bavardages dans son dos.
Il se tut et se mit à réviser ses accords et son solfège, pendant que je me remettais à mon morceau. Lorsque le professeur passa vers nous, il s'étonna de ne pas nous voir aussi souriant et proches que d'habitude mais ne fit aucune remarque. Josh attendit une quinzaine de minutes avant de reprendre la parole. J'aurais eu envie de partir avant qu'il ait eu le temps d'ouvrir la bouche, mais il ne m'en laissa pas le temps et je fus obligé d'écouter.
Josh: alors tu ne veux pas me pardonner? Bien, ne me pardonne pas, mais ne t'étonnes pas si certains dossiers circulent sur toi.
Il partit s'assoir plus loin sans me laisser le temps de répliquer quoi que soit. Après tout, s'il fait circuler des dossiers sur moi, tant mieux pour lui. De toute façon je ne pense pas qu'il y ait grand chose à dire sur moi.
À 19 heures, lorsque je sortis, je savais que j'allais encore avoir une demi heure à attendre. e partis vers le parking du Spar qui se trouvait en face du lycée, et me postai près de l'entrée pour pouvoir voir ma mère arriver. L'air était frais et ma respiration formait un nuage de buée devant mon nez. Comme j'étais fatigué et énervé, je m'assis par terre, resserrant mon manteau autour de moi pour échapper au froid mordant du mois de janvier. Je sursautai quand une portière claqua derrière moi. Normalement, à cette heure-ci, le parking était désert, puisque tous les élèves étaient déjà rentrés chez eux et que le Spar était fermé depuis une bonne demi-heure. J'entendis des pas derrière moi et tentai de ne pas me faire remarquer. Mais, alors que je me blottissais le plus profond possible dans ma doudoune, quelqu'un s'assit à côté de moi. Il faisait totalement noir, je ne pus donc rien voir de la personne qui se tenait à côté de moi.
...: Salut toi!
C'était une voix masculine qui avait parle. Je ne savais pas comment réagir devant cet inconnu.
Moi: Bonsoir. On se connait? Tu es un élève du lycée? Du cours de guitare?
Lui: Aucun des deux, on ne se connait pas. Mais vu qu'il faut que j'attende ma petite s½ur jusqu'à 19h30 et que tu es planté devant ma voiture, je me suis dit qu'on pourrait parler. Comment tu t'appelles?
Je fus un peu étonné par cette sympathie mais mieux vaut de gentils inconnus que de méchantes connaissances. Je restai cependant sur la défensive.
Moi: Je m'appelle Harry. Et toi?
Lui: Moi... tout le monde me surnomme Lou' dans mon université, appelle-moi comme ça.
Moi: D'accord...Lou'. Euh... tu peux m'en dire un peu plus sur toi?
Lou': Y a pas grand chose à dire, je suis en deuxième année de médecine dans un établissement un peu... spécial. Plus tard je voudrais travailler dans un hôpital psychiatrique, et voilà.
Moi: Dans un hôpital psychiatrique? Mais pourquoi? Pourquoi pas un hôpital normal?
Lou': Parce que tripoter des boyaux et voir défiler des patients aux urgences, c'est pas mon truc. J'ai toujours pensé que le mal mental était beaucoup plus douloureux et difficile que le mal physique. Si tu as mal au pied, tu prends un Doliprane. Mais si tu as mal dans ton âme, il n'existe pas de médicament. Et c'est ça que je veux aider à combattre. Tu sais, je pense que les « fous » ne sont pas juste de vulgaires illuminés, ce sont des personnes comme les autres, elles ont seulement quelque chose en plus ou en moins qui a modifié leur vie. Et toi, tu as quoi de beau à me dire?
Moi: Bah, rien de bien passionnant, je suis en terminale S, je voudrais faire kiné. Et je viens de me faire tromper par m... ma petite amie.
Je n'avais pas l'habitude de mentir, mais les circonstances justifiaient mon acte.
Lou': Ah... désolé pour toi mec. Courage, après tout c'est qu'une meuf parmi les milliards qu'il y a sur terre. T'inquiète, t'as tout le temps d'en trouver d'autres, plein d'autres.
Moi: Oui mais i...elle a dit qu'elle balancerait sur moi. En gros ma réputation est foutue.
Lou': Et alors, dans quoi, six mois t'es plus dans ce bahut, tu vas dans une université, t'as aucune chance de retrouver des gens du lycée là-bas. Et puis voilà, tu te refais une réputation et cette histoire sera oubliée. Et puis il faut te dire que si elle en connait beaucoup sur toi, tu en connais aussi beaucoup sur elle et vous vous battez à armes égales.
Moi: Mais j'oserai jamais faire ça... je veux dire j'ai toujours été un gars timide et assez trouillard, je pourrai jamais en faire autant qu'elle. Et puis franchement je vois pas ce que je pourrais dire.
Lou': Déjà qu'elle couche avec n'importe qui. Et puis je pense pas que tu sois si timide que ça, puisque t'es actuellement en train de parler à un mec que tu connais pas au milieu d'un parking et de nuit. Penses-y Harry, tu te sous-estimes. Aller, ciao, bonne continuation mec.
